Mon engagement, pourquoi et comment ? / Restitution intervention Charlotte Trousseau

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Intervention de Charlotte Trousseau

 

Charlotte Trousseau est responsable de formation pour une association nommée l’ACIM (Agence pour la coopération internationale et le développement local en Méditerranée), et ancienne volontaire pour France Volontaires.

Mon engagement a commencé quand j’étais en école de commerce. J’ai eu la chance de partir au Brésil dans une association humanitaire, auprès des enfants des bidonvilles. Ca a été un électrochoc, en termes de découverte d’un autre environnement, d’autres manières de vivre. Ça a été frustrant aussi, car la bonne volonté ne suffit pas. J’ai donc décidé d’aller un peu plus loin, d’utiliser mes études et combiner compétences et engagement : je suis partie dix mois en Amérique latine pour travailler comme bénévole sur un projet de microcrédit avec une ONG locale. Cela a été pour moi une expérience très enrichissante, aussi bien personnellement que professionnellement, d’apprentissage, de travail en équipe, etc. A mon retour,  il fallait que je gagne ma vie, et j’ai décidé d’aller voir du côté de l’entreprise pour choisir ma voie en connaissance de cause. J’ai eu beaucoup de mal à trouver du travail, mon parcours étant alors qualifié d’atypique. J’ai finalement obtenu un poste de directrice adjointe de magasin. Ce fut une expérience passionnante, j’ai appris beaucoup de choses, mais la finalité de mon poste était de faire du chiffre d’affaires, et cela ne me convenait pas. J’ai tenu un an, et au bout d’un an, je trouve grâce à France Volontaires une mission de directrice administrative et financière pour un projet de tourisme solidaire tenu par une ONG locale dans un petit village au Mali. Là, ça a été le déclic sur comment je voulais travailler, et sur mon engagement : d’un côté, j’avais des comptes à rendre en tant que directrice financière à un bailleur de fonds privé exigeant ; de l’autre, nous étions une soixantaine de salariés, et nous devions gérer un hôtel mais aussi un dispensaire, une école… Il a fallu jongler, pour valoriser des projets sociaux auprès du bailleur de fonds, démontrer leur impact, pour combiner ce projet avec une rentabilité globale minimum. Aujourd’hui, mon engagement au sein des structures de développement consiste à rappeler que l’on peut faire du développement et avoir un impact d’un point de vue humain tout en étant rigoureux, professionnel et rentable – ce n’est pas mal, malgré ce que j’ai souvent pu entendre. Je tâche de trouver un point d’équilibre et de faire la jonction entre le monde de l’entreprise – qui perçoit parfois l’associatif et le développement comme un monde d’idéalistes inefficaces – et l’univers associatif, où l’on refuse parfois de parler de rentabilité, de respect des procédures, etc.

Question : "Il y a au Forum Convergences un certain nombre d’intervenants qui viennent d’école de commerce. Toi aussi. Es-tu la seule à avoir pris ce type d’engagement ou êtes-vous nombreux ?"
Charlotte Trousseau :
Je me pose la question, je ne crois pas qu’on soit beaucoup. Mais à mon époque, les filières développement durable, économie sociale et solidaires n’existaient pas. J’ai fait un choix, je ne suis peut-être pas devenue directrice d’une grande entreprise mais mon parcours a été très riche et me donne un équilibre qui me convient.

Commentaires & questions simultanés :
- Non tu n'es pas la seule ... ESCP promo 98.
- De même. Ecole de Commerce (HEC Montréal 2007) puis engagement international dans le développement.
- Un profil école de commerce n'est il pas un frein pour évoluer dans le milieu associatif et solidaire ?

Question : Qu’est-ce qui vous a donné le sentiment qu’il y a un retour ?
Charlotte Trousseau : La sensation d’avoir construit quelque chose à plusieurs et de pouvoir passer le relais à quelqu’un qui pourra poursuivre le projet avec sa propre approche. 

Question : Pourquoi à l’étranger et pourquoi pas en France ?
Charlotte Trousseau : Pour l’envie de découvrir, je ne crois pas à l’altruisme total, j’avais envie d’aller chercher quelque chose, et la différence culturelle en Afrique et en Amérique latine m’a beaucoup apporté.

Question : Comment Charlotte voit-elle son mode d’action dans 10 ans ?
Charlotte Trousseau : Je crois que l’engagement passe par un échange, dans tous les sens. On a tous à apprendre des autres. J’ai beaucoup appris et j’essaie aujourd’hui de partager cette expérience avec mon entourage. Je vois ma vie personnelle et professionnelle continuer dans cette interaction permanente.

Autres questions et commentaires envoyés pendant l' intervention de Charlotte Trousseau :
- Quel est le résultat ou l’action dont vous êtes la plus fière Charlotte ?
- Comment s’engager dans son milieu, faire bouger les choses dans son quartier dans sa boîte, dans sa famille?!

- Quel beau parcours Charlotte! Je vous admire.
- Y a-t-il un vrai marché du travail pour les ESC ?
- Comment accéder aujourd’hui au secteur associatif avec un profil école de commerce et quelques années dans le secteur privé ?
- Donc tu as apporté la culture aux africains ?
- Pourquoi ce métier ?
- Et ton environnement, était-il favorable à cette démarche ?
- Quels sont les principaux freins à l'engagement que vous souhaiteriez voir lever ?
- N’est-ce pas dur de concilier ce type de parcours avec votre vie familiale Charlotte ?
- Qu'est ce que vous conseillez à quelqu'un qui veut s'engager ?
- Dans mon ONG on a un seul expatrié: un sénégalais expert du développement communautaire qui met en place notre mission sociale en France !
- Ne pas travailler / vivre pour l'intérêt général, ce n'est pas passif : c'est agir contre le bien commun !

 

Voir la restitution du dialogue avec la salle
Voir l'intervention d'Amanda Bouin
Voir l'intervention de Nathan Stern