Transformation numérique : nouvel âge de l'humanité ou nouvelle idéologie ?/ 21 mai 2014
Gilles Babinet, nommé « Digital Champion », il représente à ce titre la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux numériques.
Dominique Wolton, Directeur de recherche honoraire au CNRS, il anime également la revue Hermès – dernier numéro : "L'Autre n'est pas une donnée".
Philippe Lemoine, président du Forum d’Action Modernités
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S’appuyant sur son livre "L'ère numérique. Un nouvel âge de l'humanité[1]", Gilles Babinet explique en quoi le numérique constitue une véritable rupture jusqu’à impacter le modèle anthropologique de l’humanité. Selon lui, les règles qui régissent les liens sociaux et le fonctionnement économique sont appelées à évoluer. Le travail est par exemple une des notions majeures à repenser, en raison de sa raréfaction. Gilles Babinet insiste aussi sur l’éducation et la connaissance, des champs où le changement d’ordre de grandeur est particulièrement sensible.
De son côté, Dominique Wolton défend l’idée que l’utopie humaniste et politique qui s’incarne aujourd’hui sur Internet s’est incarnée avant dans d’autres techniques. Dans l’histoire de l’humanité, une science ou une technique n’a pourtant jamais suffi à elle-même à produire un changement de société. Le contraste est saisissant entre le nombre de commentateurs qui glorifient le numérique comme facteur de changement et l’absence de curiosité intellectuelle pour les travaux scientifiques portant sur ce qui se passe réellement. Combien de temps faudra-t-il pour qu’émerge une conscience dans le champ de la communication, comparable avec ce qui s’est passé avec l’écologie dans le champ de la nature ? Pour Dominique Wolton, le véritable danger c’est l’idéologie qui entoure le numérique.
[1]Gilles Babinet, L'ère numérique. Un nouvel âge de l'humanité, éditions Le Passeur, 2014.